Le métier d'agriculteur comporte des risques spécifiques qui nécessitent une protection adaptée, tant pour l'exploitant que pour sa famille. Face aux aléas climatiques, aux fluctuations des marchés et aux accidents potentiels, disposer d'une couverture complète devient essentiel pour assurer la pérennité de l'exploitation et la sécurité des proches. La particularité du régime agricole et les spécificités des exploitations rendent indispensable une approche sur mesure en matière de protection sociale et d'assurance. Entre les dispositifs obligatoires et les compléments facultatifs, les options sont nombreuses mais souvent méconnues des principaux intéressés.

Les exploitants agricoles font face à des défis uniques qui justifient des solutions de protection spécifiques. Du statut des membres de la famille travaillant sur l'exploitation à la couverture des risques professionnels, en passant par la prévoyance et la retraite, chaque aspect mérite une attention particulière. Des dispositifs comme l'ATEXA pour les accidents du travail ou la RCO pour la retraite complémentaire constituent des piliers fondamentaux, mais rarement suffisants pour garantir une protection optimale.

Régimes de protection sociale spécifiques pour les exploitants agricoles

La MSA et ses garanties fondamentales pour les agriculteurs

La Mutualité Sociale Agricole (MSA) représente le régime de protection sociale obligatoire dédié au monde agricole. Cette institution couvre l'ensemble des risques sociaux des exploitants, salariés agricoles et leurs familles. Son périmètre d'action inclut la santé, la famille, la retraite et le recouvrement des cotisations sociales. Contrairement au régime général, la MSA offre un guichet unique permettant aux agriculteurs de s'adresser à un seul interlocuteur pour l'ensemble de leurs démarches sociales.

Le régime agricole présente des particularités importantes. Les exploitants cotisent à l'AMEXA (Assurance Maladie des Exploitants Agricoles) pour leur couverture maladie de base. Cette assurance prend en charge partiellement les frais de santé mais reste insuffisante pour couvrir l'intégralité des dépenses médicales. Les indemnités journalières en cas d'arrêt maladie sont également plus limitées que dans le régime général, justifiant souvent le recours à des complémentaires adaptées.

Pour les membres de la famille travaillant sur l'exploitation, plusieurs statuts sont possibles : aide familial, conjoint collaborateur ou salarié agricole. Chaque statut implique des droits et obligations spécifiques en matière de protection sociale. Le statut d'aide familial, par exemple, concerne les personnes d'au moins 16 ans, liées au chef d'exploitation et participant aux travaux sans être salariées. Ce statut est limité à cinq ans et offre une couverture sociale complète mais minimale.

Dispositifs ATEXA et couverture des accidents du travail

L'ATEXA (Assurance contre les Accidents du Travail et les Maladies Professionnelles des Exploitants Agricoles) constitue un pilier essentiel de la protection sociale des agriculteurs. Ce dispositif obligatoire couvre les chefs d'exploitation, les conjoints collaborateurs et les aides familiaux contre les risques d'accidents liés à l'activité professionnelle. Le montant de la cotisation ATEXA dépend de la catégorie de risques dans laquelle s'inscrit l'exploitation.

La couverture offerte par l'ATEXA comprend le remboursement des frais médicaux, chirurgicaux et pharmaceutiques, le versement d'indemnités journalières en cas d'incapacité temporaire de travail, ainsi qu'une rente en cas d'incapacité permanente. En cas de décès, un capital est versé aux ayants droit. Cette protection de base s'avère indispensable mais souvent insuffisante face aux conséquences financières d'un accident grave.

Pour les membres de la famille qui interviennent occasionnellement sur l'exploitation, la situation est plus complexe. L'entraide familiale, tolérée par la MSA, ne correspond à aucun statut légal. Elle doit rester ponctuelle, spontanée et non rémunérée pour être acceptée. En dehors de ces conditions strictes, la protection en cas d'accident n'est pas garantie. Il est donc préférable d'opter pour un statut officiel comme celui d'aide familial ou de salarié saisonnier pour sécuriser juridiquement ces interventions.

Indemnités journalières et arrêts maladie dans le régime agricole

Le régime agricole présente des spécificités importantes concernant les indemnités journalières en cas d'arrêt maladie. Pour les exploitants agricoles, ces indemnités ne sont versées qu'à partir du 8ème jour d'arrêt pour une maladie et du 4ème jour pour un accident ou une hospitalisation. Le montant forfaitaire de ces indemnités (environ 22€ par jour en 2023) reste modeste face aux charges fixes de l'exploitation qui continuent de courir pendant l'arrêt de travail.

Cette situation crée une vulnérabilité financière significative pour les agriculteurs contraints à l'arrêt de travail. Non seulement leurs revenus diminuent drastiquement, mais ils doivent souvent engager des frais supplémentaires pour assurer leur remplacement sur l'exploitation. Cette double peine peut rapidement fragiliser l'équilibre économique de la structure, particulièrement pour les petites exploitations.

Un arrêt de travail de quelques semaines peut compromettre gravement la santé financière d'une exploitation agricole si aucune couverture complémentaire n'a été prévue. La prévoyance n'est pas un luxe mais une nécessité dans le monde agricole.

Pour pallier ces insuffisances, de nombreux assureurs proposent des contrats de prévoyance spécifiquement conçus pour les agriculteurs. Ces garanties permettent de percevoir des indemnités journalières complémentaires dès le premier jour d'arrêt et pour des montants adaptés aux besoins réels de l'exploitation. Certains contrats incluent également une allocation pour frais de remplacement, particulièrement précieuse dans les secteurs nécessitant une présence quotidienne comme l'élevage.

Retraite complémentaire obligatoire (RCO) et planification patrimoniale

La retraite des exploitants agricoles repose sur deux piliers : la retraite de base et la Retraite Complémentaire Obligatoire (RCO). La MSA gère ces deux régimes pour les agriculteurs, y compris pour les aides familiaux. Malgré ces dispositifs, le niveau des pensions agricoles reste parmi les plus faibles de France, avec une moyenne d'environ 850€ mensuels en 2023 pour un chef d'exploitation ayant une carrière complète.

Cette réalité impose aux agriculteurs de prévoir des compléments de revenus pour leur retraite. La planification patrimoniale devient alors un enjeu majeur pour sécuriser l'avenir. La transmission de l'exploitation représente souvent une part importante de cette stratégie, d'où l'importance d'anticiper cette étape avec des dispositifs comme le pacte Dutreil, qui permet une exonération partielle des droits de succession ou de donation.

Les agriculteurs peuvent également recourir à des solutions d'épargne retraite dédiées, comme les contrats Madelin agricole. Ces dispositifs permettent de se constituer un complément de revenus tout en bénéficiant d'avantages fiscaux pendant la phase d'épargne. La déductibilité des cotisations du revenu imposable représente un atout significatif pour optimiser la fiscalité de l'exploitation tout en préparant l'avenir.

Assurances professionnelles essentielles pour l'exploitation agricole

Multirisque agricole et protection contre les aléas climatiques

L'assurance multirisque agricole constitue la pierre angulaire de la protection des exploitations contre les aléas multiples auxquels elles sont exposées. Ce contrat socle couvre généralement les bâtiments, le matériel, les stocks et parfois le bétail contre les risques d'incendie, de tempête, de dégâts des eaux ou de vol. Sa structure modulaire permet aux agriculteurs d'adapter les garanties à la spécificité de leur exploitation et aux risques prioritaires identifiés.

Les événements climatiques extrêmes, de plus en plus fréquents avec le changement climatique, représentent une menace croissante pour les exploitations. Sécheresses, inondations, grêle ou gel peuvent anéantir une récolte en quelques heures et compromettre la viabilité économique de l'exploitation. Face à cette réalité, les contrats multirisques intègrent désormais des garanties spécifiques contre ces aléas, souvent avec des franchises adaptées à la nature des cultures et à l'exposition géographique.

La prévention joue également un rôle crucial dans la gestion des risques climatiques. L'installation de systèmes d'irrigation économes en eau, de filets paragrêle ou encore la diversification des cultures peuvent constituer des mesures efficaces pour réduire la vulnérabilité de l'exploitation. Ces investissements sont parfois pris en compte par les assureurs, qui peuvent proposer des réductions de prime aux exploitants engagés dans une démarche préventive.

Responsabilité civile professionnelle et couverture des dommages causés à des tiers

La responsabilité civile professionnelle (RC Pro) agricole protège l'exploitant contre les conséquences financières des dommages qu'il pourrait causer à des tiers dans le cadre de son activité. Cette assurance couvre les dommages corporels, matériels et immatériels résultant par exemple d'une pollution accidentelle, de l'intrusion d'animaux d'élevage sur une propriété voisine ou encore d'accidents causés lors de l'utilisation d'engins agricoles sur la voie publique.

L'étendue de cette garantie doit être soigneusement évaluée en fonction de la nature des activités pratiquées sur l'exploitation. Un viticulteur n'est pas exposé aux mêmes risques qu'un éleveur bovin, et les montants de garantie doivent refléter ces différences. La diversification des activités, comme l'accueil à la ferme ou la vente directe, nécessite également des extensions spécifiques du contrat RC Pro pour couvrir ces nouveaux risques.

Une attention particulière doit être portée à la couverture des risques environnementaux. Les exploitations agricoles peuvent être tenues responsables de pollutions des sols ou des eaux, avec des conséquences financières potentiellement dévastatrices. Des garanties spécifiques existent pour couvrir les frais de dépollution, les dommages à la biodiversité ou encore les sanctions administratives pouvant résulter d'un incident environnemental.

Assurance récolte et gestion des risques climatiques depuis la loi du 2 mars 2022

La loi du 2 mars 2022 a profondément réformé le système d'assurance récolte en France, instaurant un nouveau dispositif à trois étages pour mieux protéger les agriculteurs face aux aléas climatiques. Ce dispositif combine la prise en charge par l'agriculteur des petites pertes (en-dessous de 20%), une assurance privée subventionnée pour les pertes intermédiaires, et une garantie de l'État pour les pertes exceptionnelles dépassant le seuil de 30%.

Cette réforme vise à démocratiser l'assurance récolte, historiquement peu souscrite par les agriculteurs français (moins de 30% des surfaces étaient assurées avant la réforme). Le nouveau système propose des subventions pouvant atteindre 70% du coût de la prime d'assurance, rendant la couverture plus accessible, particulièrement pour les filières vulnérables comme l'arboriculture ou la viticulture.

La souscription à cette assurance requiert une analyse fine des risques spécifiques à chaque exploitation. Les franchises, les rendements de référence et les cultures assurées doivent être soigneusement définis pour garantir une protection efficace sans alourdir excessivement les charges de l'exploitation. Un conseil personnalisé est généralement nécessaire pour optimiser ce contrat en fonction du profil de risque de chaque agriculteur.

Protection juridique et défense des intérêts de l'exploitant

L'assurance protection juridique représente un filet de sécurité essentiel pour les agriculteurs confrontés à la complexité croissante des réglementations environnementales, sanitaires et commerciales. Ce contrat couvre les frais de justice et d'avocat en cas de litige avec des tiers, qu'il s'agisse de fournisseurs, de clients, de voisins ou d'administrations. Dans un secteur où les contentieux peuvent rapidement engendrer des coûts prohibitifs, cette garantie préserve la trésorerie de l'exploitation.

Les litiges fonciers figurent parmi les situations les plus fréquemment couvertes par cette assurance. Contestations de baux ruraux, problèmes de droits de passage ou conflits de voisinage liés aux nuisances agricoles peuvent nécessiter des procédures longues et coûteuses. La protection juridique permet alors d'accéder à des conseils d'experts et à une défense de qualité sans compromettre l'équilibre financier de l'exploitation.

Au-delà de la prise en charge des frais de procédure, l'assurance protection juridique offre généralement un service de conseil préventif et d'information juridique. Ces prestations permettent d'anticiper les risques légaux et d'adapter les pratiques de l'exploitation pour éviter les contentieux. Un agriculteur bien informé de ses droits et obligations peut ainsi sécuriser son activité face à un environnement réglementaire en constante évolution.

Assurance des matériels agricoles et véhicules professionnels

Le matériel agricole représente souvent l'investissement le plus conséquent d'une exploitation moderne. Tracteurs, moissonneuses-batteuses, pulvérisateurs ou robots de traite constituent des actifs stratégiques dont l'immobilisation ou la destruction peut paralyser l'activité. Leur assurance doit donc être pensée non seulement en termes de valeur de remplacement, mais également en fonction de l'impact opérationnel d'une indisponibilité.

Les contrats d'assurance matériel agricole offrent généralement plusieurs niveaux de couverture, de la simple responsabilité civile à la garantie tous risques incluant le vol, l'incendie, le bris de machine et les dommages électriques. Pour les engins les plus coûteux, des extensions peuvent couvrir

les pertes d'exploitation liées à l'immobilisation du matériel. Ces garanties additionnelles sont particulièrement précieuses en période de travaux saisonniers, où chaque jour d'arrêt peut engendrer des pertes substantielles de revenus.

La circulation des engins agricoles sur la voie publique expose également l'exploitant à des risques spécifiques. Bien que le permis B suffise généralement pour conduire un tracteur dont la vitesse n'excède pas 40 km/h, la responsabilité en cas d'accident peut être lourde de conséquences. Une assurance adaptée doit couvrir ces risques particuliers, y compris pour les membres de la famille autorisés à conduire ces engins dans le cadre de l'exploitation.

Pour optimiser le coût de ces assurances, plusieurs stratégies sont envisageables. La mutualisation des contrats auprès d'un même assureur permet souvent de bénéficier de tarifs préférentiels. De même, l'adaptation des franchises en fonction de la capacité financière de l'exploitation à absorber les petits sinistres peut réduire significativement le montant des primes. Un audit régulier du parc matériel et de ses conditions d'utilisation permet également d'ajuster la couverture aux besoins réels.

Protection personnelle de l'agriculteur et sa famille

Au-delà de la protection de l'outil de travail, la sécurisation de l'agriculteur et de sa famille constitue un pilier essentiel d'une stratégie de couverture complète. L'imbrication fréquente entre vie professionnelle et vie personnelle dans le monde agricole rend cette distinction parfois artificielle, mais nécessaire pour structurer une protection efficace.

Les risques personnels auxquels sont exposés les agriculteurs dépassent souvent le cadre strictement professionnel. Stress, isolement, charge de travail importante sont autant de facteurs qui peuvent affecter la santé physique et mentale. Une couverture adaptée doit donc prendre en compte ces spécificités pour garantir un filet de sécurité à la hauteur des enjeux.

La protection de la famille de l'agriculteur mérite une attention particulière, notamment pour le conjoint et les enfants qui participent souvent aux travaux de l'exploitation, parfois sans statut clairement défini. La clarification des statuts (conjoint collaborateur, aide familial, salarié) constitue un préalable indispensable à la mise en place d'une protection efficace, tant sur le plan social que sur le plan assurantiel.

Prévoyance et garanties d'incapacité temporaire de travail

La prévoyance représente un enjeu majeur pour les exploitants agricoles, dont l'activité repose souvent sur leur capacité personnelle de travail. Une incapacité temporaire peut rapidement mettre en péril l'équilibre économique de l'exploitation si aucune solution de remplacement n'est prévue. Les contrats de prévoyance adaptés aux agriculteurs intègrent cette spécificité en proposant des indemnités journalières calibrées pour maintenir le fonctionnement de l'exploitation pendant l'arrêt.

Ces garanties prennent généralement le relais des indemnités versées par la MSA, avec des délais de carence réduits et des montants adaptés aux charges réelles de l'exploitation. Certains contrats prévoient également le versement d'un capital en cas d'invalidité permanente, permettant de financer une reconversion professionnelle ou l'adaptation de l'exploitation aux nouvelles contraintes physiques de l'exploitant.

Pour les exploitations employant des salariés, la mise en place d'une prévoyance collective peut également s'avérer pertinente. Ces contrats, souvent fiscalement avantageux, permettent d'offrir une protection complémentaire aux collaborateurs tout en renforçant l'attractivité de l'exploitation dans un contexte de tension sur le recrutement agricole.

Complémentaire santé adaptée aux besoins spécifiques des familles agricoles

La complémentaire santé constitue un pilier essentiel de la protection des familles agricoles, confrontées à des risques spécifiques et souvent éloignées des centres de soins. Les contrats adaptés aux agriculteurs prennent en compte ces particularités en proposant des garanties renforcées sur certains postes stratégiques comme l'optique, le dentaire ou les médecines alternatives, particulièrement sollicitées dans le monde rural.

La dimension familiale de ces contrats mérite une attention particulière. Les enfants, qu'ils soient impliqués ou non dans l'exploitation, bénéficient généralement de garanties étendues jusqu'à un âge avancé s'ils poursuivent des études. Certains contrats prévoient également la gratuité à partir du troisième enfant, une disposition appréciable pour les familles nombreuses encore fréquentes dans le monde agricole.

Une bonne complémentaire santé doit s'adapter aux spécificités de la vie rurale : éloignement des centres de soins, exposition accrue à certains risques professionnels, besoin de services d'assistance renforcés en cas d'hospitalisation.

Les services associés à ces complémentaires santé constituent souvent un atout décisif. Téléconsultation médicale, assistance en cas d'hospitalisation ou conseil en prévention des troubles musculo-squelettiques fréquents chez les agriculteurs sont autant de prestations qui enrichissent la simple couverture des frais médicaux. Ces services prennent tout leur sens dans les zones rurales où l'accès aux soins peut s'avérer problématique.

Assurance invalidité et incapacité permanente pour les chefs d'exploitation

L'invalidité constitue un risque majeur pour les chefs d'exploitation, dont l'activité repose largement sur leur capacité physique. La MSA prévoit certes une pension d'invalidité, mais son montant reste modeste face aux besoins réels d'un agriculteur contraint de cesser ou de réduire son activité. Les contrats d'assurance invalidité complémentaires permettent de combler ce déficit en garantissant un revenu de substitution adapté.

Ces garanties se déclinent généralement selon le taux d'invalidité constaté, avec des seuils d'intervention variables selon les contrats. Les plus protecteurs interviennent dès 33% d'invalidité, un niveau qui permet encore de poursuivre une activité agricole adaptée mais nécessite souvent des aménagements coûteux de l'exploitation. La rente versée peut alors financer ces adaptations tout en maintenant le niveau de vie de l'exploitant et de sa famille.

L'invalidité totale, lorsqu'elle survient, impose généralement une reconversion professionnelle ou un départ anticipé de l'activité. Les garanties associées doivent alors prévoir non seulement un revenu de substitution, mais également un capital permettant de financer cette transition. Certains contrats intègrent également une prise en charge des cotisations retraite pendant la période d'invalidité, préservant ainsi les droits futurs de l'exploitant.

Garantie décès et protection des proches

Le décès prématuré d'un chef d'exploitation peut avoir des conséquences dramatiques, tant sur le plan humain qu'économique. L'assurance décès constitue donc un élément incontournable de la protection du patrimoine familial et de la pérennité de l'exploitation. Cette garantie prévoit le versement d'un capital aux bénéficiaires désignés, généralement le conjoint et les enfants, pour compenser la perte de revenus et faciliter la transmission ou la restructuration de l'exploitation.

Le montant du capital assuré doit être calibré en fonction de plusieurs paramètres : le niveau d'endettement de l'exploitation, les besoins financiers de la famille, les frais de succession anticipés et les coûts potentiels de réorganisation de l'activité. Une approche personnalisée s'impose donc, tenant compte de la situation familiale et patrimoniale spécifique de chaque exploitant.

Au-delà du simple versement d'un capital, certains contrats prévoient des garanties complémentaires particulièrement adaptées au contexte agricole. La prise en charge des frais d'obsèques, l'assistance psychologique pour les proches ou encore l'accompagnement dans les démarches administratives post-décès constituent des services précieux dans ces circonstances difficiles. Certains contrats intègrent également une rente éducation pour les enfants, garantissant la poursuite de leur scolarité malgré la disparition d'un parent.

Transfert d'exploitation et solutions assurantielles

La transmission de l'exploitation constitue une étape cruciale dans la vie d'un agriculteur. Qu'elle s'effectue dans un cadre familial ou hors cadre familial, cette transition expose les parties prenantes à des risques spécifiques qui peuvent être atténués par des solutions assurantielles adaptées. L'assurance homme-clé, par exemple, protège l'exploitation contre les conséquences financières du décès ou de l'invalidité du cédant pendant la phase de transition.

Dans le cadre d'une transmission familiale, le pacte Dutreil évoqué précédemment peut être utilement complété par des garanties assurantielles. L'assurance décès croisée entre le cédant et le repreneur permet notamment de financer le rachat des parts en cas de disparition de l'un des protagonistes pendant la phase de transmission progressive. Cette solution sécurise la pérennité de l'exploitation tout en protégeant les intérêts financiers des deux parties.

Pour les transmissions hors cadre familial, des solutions spécifiques existent également. L'assurance emprunteur adaptée aux prêts de reprise d'exploitation, par exemple, intègre des garanties étendues couvrant l'incapacité temporaire ou permanente du repreneur. Ces contrats peuvent prévoir des délais de franchise réduits et des définitions d'invalidité tenant compte des spécificités du métier d'agriculteur, offrant ainsi une protection sur mesure dans cette phase critique.

Optimisation fiscale et couverture des risques financiers

Épargne retraite madelin spécifique aux non-salariés agricoles

Les contrats Madelin représentent une solution d'épargne retraite particulièrement adaptée aux exploitants agricoles. Ce dispositif permet de se constituer un complément de retraite tout en bénéficiant d'avantages fiscaux substantiels. Les cotisations versées sont déductibles du revenu imposable, dans la limite d'un plafond calculé en fonction du revenu professionnel. Cette déductibilité constitue un levier d'optimisation fiscale précieux pour les agriculteurs soumis à l'impôt sur le revenu.

La souplesse des contrats Madelin agricoles permet d'adapter les versements aux fluctuations de revenus inhérentes à l'activité agricole. Si une année difficile impose de réduire temporairement les cotisations, cette modulation reste possible dans certaines limites sans remettre en cause le contrat. Cette flexibilité s'avère particulièrement précieuse face aux aléas climatiques ou économiques qui peuvent affecter la rentabilité de l'exploitation.

Au moment de la retraite, le capital constitué est obligatoirement converti en rente viagère, assurant ainsi un revenu régulier jusqu'à la fin de vie. Certains contrats proposent des options de réversion au bénéfice du conjoint survivant, une garantie particulièrement pertinente dans le contexte agricole où le conjoint a souvent participé activement à l'exploitation sans nécessairement se constituer des droits retraite équivalents.

Couverture des emprunts professionnels et assurances de prêt

L'endettement constitue une réalité pour de nombreuses exploitations agricoles, qu'il s'agisse de financer l'installation, la modernisation du matériel ou l'acquisition de foncier. La couverture de ces emprunts professionnels par des assurances adaptées représente un enjeu majeur pour sécuriser l'activité et protéger le patrimoine familial en cas de coup dur.

L'assurance emprunteur classique couvre généralement les risques de décès, d'invalidité et d'incapacité temporaire de travail. Pour les agriculteurs, des contrats spécifiques proposent des définitions d'invalidité adaptées à la réalité du métier et des délais de franchise réduits en cas d'arrêt de travail. Ces adaptations permettent une meilleure adéquation entre la couverture et les besoins réels de l'exploitant.

La délégation d'assurance, rendue plus accessible par la loi Lagarde puis la loi Lemoine, permet aux agriculteurs de choisir librement leur assureur plutôt que d'accepter le contrat groupe proposé par l'établissement prêteur. Cette liberté de choix favorise la mise en place de garanties véritablement adaptées au profil de risque spécifique de chaque exploitation, souvent à des conditions tarifaires plus avantageuses que les contrats standards.

Protection contre les pertes d'exploitation après sinistre

La garantie pertes d'exploitation constitue un filet de sécurité essentiel pour maintenir la viabilité économique de l'exploitation après un sinistre majeur. Cette assurance compense la baisse du chiffre d'affaires et prend en charge les charges fixes qui continuent de courir malgré l'interruption partielle ou totale de l'activité. Pour une exploitation agricole, ces charges peuvent inclure les salaires, les loyers, les intérêts d'emprunt ou encore les frais vétérinaires incompressibles.

La définition du niveau de couverture nécessite une analyse fine de la structure financière de l'exploitation. La période d'indemnisation doit être calibrée en fonction du cycle de production spécifique à chaque filière : un éleveur laitier ne fait pas face aux mêmes contraintes temporelles qu'un céréalier ou un viticulteur. De même, le montant des garanties doit refléter la saisonnalité des revenus, particulièrement marquée dans certaines productions.

Au-delà de la simple compensation financière, certains contrats proposent des prestations complémentaires particulièrement utiles en situation de crise. L'assistance à la recherche de solutions de stockage alternatives, la mise à disposition de matériel de remplacement ou l'accompagnement dans les démarches administratives post-sinistre constituent autant de services qui facilitent le redémarrage de l'activité dans les meilleures conditions possibles.